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Quand on se sent à côté de sa propre vie

  • laurianebernardin
  • 6 déc.
  • 3 min de lecture

Il arrive parfois que tout continue de fonctionner, en apparence. On fait ce qu'il faut, on suit le rythme, on répond aux attentes. Et pourtant, quelque chose sonne faux. Comme si l'on était présent sans être vraiment là, acteur de sa vie mais un peu spectateur de soi-même.


Il y a des personnes qui vont "bien". Elles travaillent, s'occupent de leur quotidien, rient quand il faut rire, avancent.

Et pourtant, quand elles s'arrêtent un instant, une sensation diffuse apparaît : celle d'être légèrement décalées, à côté, pas tout à fait à leur place.


Ce n'est pas une grande tristesse.

Ce n'est pas un mal-être évident.

C'est quelque chose de plus flou, plus silencieux. Une impression de vivre en pilote automatique, de cocher des cases sans vraiment les habiter.


Beaucoup ont du mal à mettre des mots dessus. Alors elles se taisent. Elles se disent que ce n'est "pas grand chose", qu'elles n'ont pas à se plaindre. Après tout, il n'y a rien de grave. Mais ce "rien de grave" prend de la place, doucement, jusqu'à devenir pesant.



Quand la vie continue... mais sans élan

Se sentir à côté de sa propre vie, c'est souvent avoir perdu le fil de soi-même sans s'en rendre compte.

On fait ce qu'il faut, mais on ne ressent plus vraiment.

On avance, mais sans enthousiasme.

On est là, mais quelque chose en nous s'est mis à distance.


Ce décalage n'arrive pas par hasard. Il se construit souvent dans la durée ; à force de s'adapter, de répondre aux attentes, de faire passer les besoins des autres avant les siens. A force aussi de ne pas s'écouter, de repousser ce qui dérange, de faire taire les signaux faibles.


Alors le corps et l'esprit trouvent une solution : se mettre un peu en retrait.

C'est une manière de se protéger, de continuer sans trop ressentir.

Mais cette protection a un prix : celui de la présence à soi.



"Je ne me reconnais plus vraiment"

En séance, certaines phrases reviennent souvent :

"Je ne sais plus ce que je veux"

"Je fais les choses sans vraiment savoir pourquoi"

"J'ai l'impression de vivre à côté de moi"


Ce sont des mots simples, mais chargés.

Ils parlent d'une perte de repères intérieurs, d'un lien à soi qui s'est distendu. Pas par faiblesse, mais par adaptation. Parce qu'à un moment, c'était sans doute nécessaire de tenir, de s'organiser, d'avancer coûte que coûte.


Se sentir à côté de sa vie n'est pas un échec.

C'est souvent le signe qu'on s'est longtemps oublié pour rester debout.



Ce n'est pas un vide, c'est un appel

Ce sentiment de décalage n'est pas une absence totale.

C'est plutôt un appel discret.

Quelque chose en soi demande à être réentendu, revisité, remis au centre.


Contrairement à ce que l'on croit, il n'est pas nécessaire d'aller "très mal" pour s'interroger. Il n'est pas nécessaire d'attendre que tout s'effondre pour se poser des questions.

Ce flou, cette lassitude, cette impression d'être ailleurs sont déjà des informations précieuses.


Elles questionnent le sens, le rythme, les choix parfois faits sans vraiment se choisir.



Revenir à soi, doucement

Se reconnecter à soi ne se fait pas en forçant. Il s'agit souvent d'un mouvement lent, respectueux, progressif.

Apprendre à ressentir à nouveau. A écouter ce qui fatigue, ce qui manque, ce qui ne convient plus.


L'accompagnement thérapeutique peut être cet espace là :

un lieu où l'on n'a pas besoin d'aller mal, un espace où l'on peut simplement déposer ce sentiment diffus, sans jugement, sans urgence.


Parler de ce décalage permet souvent de remettre du lien là où il s'était distendu. De redonner de la cohérence intérieure. De se réapproprier sa vie, non pas en la changeant totalement, mais en s'y réinstallant pleinement.



En conclusion,

Se sentir à côté de sa propre vie n'est pas un manque de gratitude, ni un caprice.

C'est une expérience humaine, fréquente, souvent silencieuse.


Et parfois, le simple fait de reconnaître ce ressenti est déjà un premier pas. Un pas vers plus de présence, plus de justesse, plus de soi.


Parce que revenir à soi, ce n'est pas tout quitter. C'est souvent simplement... se retrouver.

 
 
 

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